Quelles clés pour améliorer la résilience de la supply chain ?
Quelle entreprise n’a jamais été confrontée à une rupture d’approvisionnement ? Quelle entreprise n’a jamais eu un arrêt machine ? Une pénurie à gérer ? Qui n’a jamais tenté de prévoir la demande des clients ? Qui n’a jamais tenté d’améliorer la fiabilité des équipements de production ? Et si, toutes ces activités étaient vaines ? Comment passer d’un mode défensif de la gestion de nos supply chains à un mode offensif ?
Autant de questions pour autant de supply chain managers qui cherchent le Graal de la supply chain parfaite…
Mais nos supply chains apparaissent toujours plus vulnérables et fragiles dans un contexte marqué par une grande pression concurrentielle, une demande volatile, une tendance vers les économies d’échelle et à l’externalisation. Dans nos supply chains étendues, l’accroissement de la complexité opérationnelle pousse les entreprises à prendre en compte de nouvelles vulnérabilités et de nouveaux risques amplifiés par les interactions dans le réseau des supply chains.
Et finalement, la question ultime ne serait-elle pas de savoir si nous pouvons créer des supply chains plus résilientes ?
Prenons le temps de remonter aux origines du mot résilience et d’aborder la notion de résilience selon plusieurs disciplines.
Le mot latin resalire, qui est à l’origine de « résilience » est fabriqué à partir du verbe salire, qui veut dire « sauter », et du préfixe « re » qui indique un mouvement vers l’arrière. D’où le sens pris par le mot en français au Moyen âge ; se rétracter, se dégager d’un contrat par une sorte de saut en arrière. Au XVIIe siècle, ce mot retient du saut l’idée de la réaction après un choc ; le rebond.
Selon « Le Petit Robert » en version 2010, la résilience est définie comme :
- Rapport de l’énergie cinétique absorbée nécessaire pour provoquer la rupture d’un métal, à la surface de la section brisée.
- Capacité à vivre, à se développer, en surmontant les chocs traumatiques, l’adversité.
La résilience est étudiée par la sociologie comme une caractéristique humaine pour survivre face aux épreuves, permettant aux gens d’absorber le « futur choc« .
En psychologie, la résilience est un phénomène consistant à prendre acte de son traumatisme pour ne plus vivre dans la dépression.
Pour les sciences de gestion, le concept de la résilience de l’organisation émerge d’abord dans le management de la crise. La résilience se définira comme « la capacité qu’aura la firme à absorber, à répondre et à capitaliser sur des perturbations issues de changements de l’environnement ».
Revenons aux fondamentaux :
Chaque rupture possède un profil typique en termes de performance de l’entreprise. Cette performance est généralement mesurée par le chiffre d’affaires, la marge, le niveau de productivité, la qualité de service, etc. La réponse dynamique de l’entreprise après la rupture peut être démontrée dans le schéma suivant.
Dans ce schéma, nous constatons que l’entreprise traverse différentes phases qui prennent un certain temps avant le retour de la performance. Dans un contexte de concurrence intensive, l’entreprise bénéficiera d’un fort avantage concurrentiel pour réussir ce retour et en diminuer le délai. Cette capacité de rebondissement face à une rupture est la résilience d’entreprise, en particulier la résilience de la supply chain.
Les 7 caractéristiques majeures d’une supply chain résiliente.
1. La planification s’accorde avec la demande
Cette concordance est un principe basique de la conception d’une supply chain résiliente. Une chaîne logistique doit être dimensionnée et pilotée par la demande réelle des clients. Il faudra toujours privilégier une logique de flux tirés que de flux pilotés par des besoins prévisionnels (de surcroît toujours faux).
2. Des chemins parallèles ou alternatifs
Le contournement de la rupture sera toujours plus réalisable si l’on a des chemins alternatifs. Des exemples typiques, le sourcing multiple, plusieurs canaux logistiques pour livrer les clients, l’externalisation d’une opération à différents sous-traitants. Dès qu’une partie de la chaîne est affectée par une rupture, l’organisation aura des possibilités et des alternatives pour sortir de l’impasse.
3. Une chaîne plus courte
Avec des partenariats limités en quantité et d’une qualité supérieure, ainsi qu’avec des distances géographiques plus réduites, une chaîne courte conduit à diminuer le coût du transport et à comprimer le temps de livraison des fournisseurs. En plus, l’entreprise bénéficie de flexibilité, et d’une meilleure détection des défauts.
4. Un réseau fiable
Dans une supply chain en réseau, les maillons vulnérables ne résultent pas de la quantité croissante des acteurs, mais plutôt de la façon complexe dont ils sont organisés. On introduit un calcul simple pour montrer la fiabilité de la structure de la chaîne ou du réseau. Le schéma suivant nous montre une méthode de calcul de la fiabilité des éléments combinés.
5. La capacité de rechange
La capacité de rechange (redundancy capacity) est parfois plus importante que le stock physique superflu, particulièrement pour les maillons clés de la supply chain. Le principe est d’avoir de la capacité excédentaire que l’on activera en fonction des aléas rencontrés.
6. L’agilité
L’agilité signifie la flexibilité et l’efficience des opérations face à la rapidité de changements de demande ou d’approvisionnements. Elle est liée à l’ensemble du réseau. Aussi, privilégiera-t-on des cycles courts, des processus fiables en interne et en externe.
7. Le point de pénétration de la commande client
Autrement dit « order penetration point » ou « customer order decoupling point ». Selon Sharman (1984), le point de pénétration de la demande est défini « comme étant le point du processus de production à partir duquel les spécificités du produit sont figées, et comme étant le dernier point où les stocks sont maintenus ». De ce point de vue, le système est tiré par la demande client et permet de piloter les opérations tout en réduisant le niveau de stock global dans la supply chain.
Ces caractéristiques génériques d’une supply chain résiliente sont autant de caractéristiques que l’on trouve aujourd’hui dans certaines approches de gestion des flux.
Nos supply chains devenant toujours plus complexes et interdépendantes, l’important est de pouvoir les « simplexifier » et de les rendre indépendantes par des « amortisseurs ».
Je vous renvoie à cet article : https://agilea-group.com/principe-de-simplexite-applique-aux-supply-chains/