Et si nous parlions buffer de temps.
Il y a quelques jours j’avais rendez-vous chez un client pour une réunion importante à 9h, dans une métropole de province au trafic congestionné.
Le trajet en temps normal devait prendre 20mn, je décide de partir à 8h.
Une question qui revient souvent en formation : de combien doit être le buffer de temps ? Réponse : ça dépend…
La réunion étant critique et ma connaissance de cette ville limitée. J’optais pour un buffer de 40mn pour un temps de trajet de 20mn.
En prenant la route Waze m’a annoncé fièrement que j’arriverais à 8h21. C’est cool, ça me permettra d’échanger avec quelques interlocuteurs clés avant la réunion. Un peu plus tard l’arrivée est prévue à 8h38, puis 8h29, puis 8h33, puis…
J’arrive finalement à destination à 8h48 ! Juste le temps de passer par l’accueil et d’accepter un café de bienvenue… Démontrant au passage ma maîtrise de dimensionnement « roughly right » de buffer de temps.
Voyons un peu. J’ai fait appel à un outil numérique connecté équipé de la meilleure technologie. Des algorithmes Google sophistiqués ont calculé très précisément mon heure d’arrivée à 8h21. Comment ai-je pu me leurrer à ce point ?
Notez bien, si l’heure d’arrivée annoncée avait été de 8h 21mn 34s – hum, je me serais peut-être méfié.
Trop précis pour être vrai. Précisément faux quoi.
Si Waze avait été honnête avec moi, l’heure d’arrivée annoncée aurait sans doute dû être « entre 8h30 et 8h50 ». Est-ce que j’aurais été satisfait de cette réponse ? Sans doute pas, tellement nous sommes habitués à travailler avec un seul chiffre. Et disons-le, nous ne sommes pas à l’aise dans l’incertitude et l’ambiguïté.
A propos, Waze n’est ni honnête ni malhonnête – arrêtons de personnifier nos assistants numériques – Waze applique des règles de calcul, et son bénéfice principal est de m’indiquer la direction à prendre, au fur et à mesure que les conditions de circulation évoluent. Comment adapter mon parcours est ce qui compte, mais mon heure d’arrivée à destination va évoluer.
Que d’efforts déployés dans nos entreprises pour établir un consensus sur LE plan de ventes qui va alimenter notre S&OP !
Que de pression sur les équipes commerciales, marketing, supply chain pour améliorer la fiabilité des prévisions (le respect du 8h21, quoi…)
La vérité est qu’on ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, on peut juste évaluer des hypothèses, des plages optimistes/pessimistes, tester que c’est compatible avec nos aptitudes opérationnelles, et nous assurer qu’à chaque carrefour on prendra la meilleure direction possible avec notre visibilité du moment. N’est-ce pas là l’essence même du S&OP, orchestrer l’adaptation de l’entreprise ?
La même logique s’applique à la planification de nos ateliers. Que d’efforts et de technologie dans certaines entreprises pour générer le programme de production idéal, l’ordonnancement optimisé par les meilleurs algorithmes 4.0 !
Spoiler : le plan idéal n’existe pas, car la loi de Murphy va frapper ! Ce qui compte c’est d’annoncer à vos clients une date de livraison compatible avec vos moyens et protégée des aléas, et qu’à tout moment vos équipes disposent de la bonne visibilité sur les priorités pour faciliter le flux et respecter les engagements. Prendre la bonne direction à chaque carrefour pour arriver au plus tard à 8h50. C’est ce que permet le modèle opératoire tiré par la demande au travers de ses buffers de temps, de capacité, de stock, et ses points de contrôle (DDOM).
Comment mettre ça en pratique ? Rejoignez-nous pour les prochaines formations Adaptive S&OP et Demand Driven Leader !