Bouchons sur autoroute 

On ne prend pas la voiture en sachant qu’on va passer trois heures dans un bouchon. Sauf si on aime souffrir. Ou écouter France Info en boucle. Alors pourquoi, sérieusement, on continue à lancer des ordres de fabrication dans des ateliers déjà bouchés comme un périph un vendredi soir ? 

C’est comme si on disait : “Bon, on sait que tout est saturé, qu’on a déjà 12 jours de retard et que les gars tournent à fond, mais on va quand même balancer 8 nouveaux OF. Ça leur fera les pieds.” 

Ce réflexe-là, c’est le grand classique du “au moins on aura lancé”. Psychologiquement, ça rassure. Ça fait bouger des trucs dans l’ERP. Ça crée du mouvement. De l’activité. Du “faux progrès”. Sauf qu’en réalité, on aggrave le problème. On ajoute du trafic à un rond-point déjà bloqué. Résultat ? Les pièces urgentes se perdent dans la masse, les priorités deviennent floues, et tout le monde crie “C’est pour hier !” à des gens déjà à bout. 

Et ce n’est pas qu’un problème d’outil ou de méthode. C’est un problème de logique de flux. On gère comme si l’usine était infinie, alors qu’elle a une capacité très finie, humaine, mécanique, et souvent fragile. 

Lancer des OF dans un atelier saturé, c’est comme envoyer des camions sur une autoroute fermée. Ça bouche encore plus. Et au final, on ralentit tout. Même ce qui pouvait passer. 

Ce qu’il faut ? De la régulation. Du pilotage. Du bon sens. Parfois, ne pas lancer, c’est prendre une décision. Une vraie. Celle qui dit : “On attend que ça respire un peu, sinon on perd tout le monde en route.” 

Alors la prochaine fois qu’on te demande “Pourquoi t’as pas lancé cet OF ?”, tu peux répondre calmement : 

“Parce que moi, je pars pas si je sais que c’est bouché.”